Vivre sa grossesse avec la sophrologie, ce n’est pas « bien vivre sa grossesse ».
Ni « vivre une grossesse épanouie ».
Encore moins « transformer vos neuf mois de grossesse en pur bonheur » comme j’ai pu le lire sur le site d’une consœur sophrologue.
La sophrologie n’est pas une baguette magique. Et la grossesse est une expérience de vie qui n’a pas à être sublime ou extatique !
Comme toute expérience, elle aura ses splendeurs et ses misères. Ses hauts, très hauts et ses bas, très bas.
La grossesse peut être un calvaire, physiquement, avec nausées, fatigue et complications. L’accouchement peut être interminable et nécessiter une intervention médicale lourde.
Je ne veux pas casser l’ambiance mais c’est insupportable que tout ce qui a trait aux méthodes non conventionnelles soit autant romantisé !
Pas étonnant qu’il soit difficile d’avoir du crédit quand toute proposition repose sur des promesses et des arcs-en-ciel.
Cet article sera donc pragmatique et garanti sans poudre de Perlimpinpin !
Au sommaire du jour :
Grossesse et sophrologie : mon parcours
Sophrologue et sage-femme, quelles différences ?
L’origine de l’accouchement sans douleur
Vivre sa grossesse avec la sophrologie : quels bienfaits ?
Conclusion
Grossesse et sophrologie : mon parcours
Si aujourd’hui, je me positionne principalement comme accompagnante autour des thématiques de l’alimentation et des émotions, lorsque j’ai suivi ma formation initiale de sophrologie en 2014 (la base de 300heures), mon projet pro était d’accompagner les futures mamans.
Etonnant de la part d’une nullipare qui ne souhaite pas de petit.e locataire dans son utérus !
Ce choix d’orientation faisait tout simplement suite à mes études originelles. En effet, durant mon Master puis mon Doctorat de littérature, mes recherches gravitaient autour du lien Création/ Procréation.
J’ai étudié les parcours de femmes artistes, principalement écrivaines. Et comment leur maternité -ou non-maternité- entraient en résonance avec leurs œuvres.
« L’un des enjeux de nos recherches sera de rendre compte de l’évolution de ce que nous appelons le traitement littéraire de la maternité. En choisissant de nous intéresser exclusivement à des auteures de sexe féminin, nous souhaitons, par ailleurs, nous interroger sur l’entrée des femmes dans le champ littéraire et la place occupée par le thème de la maternité dans la littérature. »
(Un extrait de la description de mon projet de recherche qui figure toujours dans le catalogue des thèses ! Oui, une thèse s’écrit à la première personne du pluriel… C’est très déroutant !)
J’ai donc suivi un cursus de spécialisation en sophrologie obstétricale et maternelle à l’école des sages-femmes de l’hôpital Saint-Antoine. Pour la petite anecdote : c’est l’hôpital où je suis née !
Et j’ai même entrepris les premières recherches pour devenir Doula !
C’est pour ça que je ris jaune quand les gens concluent que, comme je ne souhaite pas d’enfants et que je ne m’extasie pas devant des photos de bébés, je ne les aime pas.
Oui, ça me fait mal au cœur, sachez-le !
Sophrologue et sage-femme : quelles différences ?
La sophrologie pour accompagner la grossesse
Maintenant que je vous ai raconté ma vie, mon œuvre, entrons dans le vif du sujet !
Pour une définition approfondie de la sophrologie, je vous renvoie à cet article : click !
Vous pouvez également faire vos premiers pas en toute autonomie avec le jeu que j’ai co-créé : Sophromagie (vous pouvez cliquer sur l’image :))
Mais pour vous en faire une brève présentation, il s’agit d’une méthode psycho-corporelle, permettant l’harmonisation et le déploiement de nos capacités physiques, mentales, émotionnelles, existentielles et relationnelles.
Bien sûr, la sophrologie peut être perçue et (mal) résumée comme une méthode de relaxation. Puisque nous allons travailler avec des mouvements doux et la respiration, le corps et l’esprit peuvent se détendre. Se relâcher.
Mais c’est amputer la sophrologie de sa dimension existentialiste et phénoménologique.
Sa véritable profondeur : nous amener à vivre et intégrer un nouvel état de conscience.
Conscience du corps. Conscience de Soi.
Sur notre axe personnel mais aussi en lien avec l’Autre et le Monde.
Peut-être entrevoyez-vous déjà la pertinence de la sophrologie dans un parcours de grossesse !
D’un point de vue purement pragmatique, il est essentiel de savoir que la sophrologie est une profession non réglementée.
Qui n’est pas médicale.
Et qui ne se substitue à AUCUNE prise en charge médicale conventionnelle (médecine, psy, gynéco,…)
Les séances ne sont pas remboursées par la sécu (mais peuvent l’être par certaines mutuelles).
De ce fait, un.e sophrologue spécialisé.e dans l’accompagnement des futures mamans ne prodigue aucun conseil d’ordre médical. Concernant la grossesse, l’accouchement, le post-partum, l’allaitement… Iel ne lit pas les analyses de sang, ne donne aucune prescription ni même recommandation.
Ce qu’on apprend d’emblée en spécialisation est l’interdiction d’utiliser la formulation : Préparation à l’accouchement/ à la naissance.
En tant que sophrologues, nous proposons une Préparation mentale à l’accouchement ou Un accompagnement sophrologique en périnatalité.
Du côté des sages-femmes
Il s’agit d’une profession médicale et réglementée. Donc prise en charge à 100% pour la sécu et les complémentaires.
Les sages-femmes assurent le suivi médical durant la grossesse et les premières semaines de bébé.
Sachez que les sages-femmes s’occupent également du suivi gynécologique des femmes et qu’il est tout à fait possible de les consulter pour toutes nos problématiques gynéco et les méthodes de contraception. Quand consulter un gynéco fait peur, une sage-femme peut être rassurant 🙂
Elles dispensent ce qu’on appelle des séances de Préparation à la Naissance et à la Parentalité qui suivent des objectifs énoncés par la Haute-Autorité de Santé.
Seules les sages-femmes et les médecins ont le droit d’utiliser les termes « Préparation à la Naissance et à la Parentalité » ou encore « Préparation à l’accouchement ».
Certain.es sages-femmes sont formé.es à la sophrologie. D’ailleurs, dans ma formation, j’étais l’une des rares sophrologue ! Et pour cause, en plus du suivi médical et de l’apport théorique/ scientifique, les sages-femmes peuvent consacrée une partie des séances à des pratiques psycho-corporelles pour la gestion de la douleur : yoga, piscine, haptonomie,… Et la sophrologie !
Mais bien souvent, iels suivent des formations de quelques dizaines d’heures comme celle que j’ai suivie (70h). Alors qu’un.e sophrologue aura suivi sa formation initiale de sophro de 300 heures avant de se spécialiser.
C’est pourquoi, la sophrologie auprès des sages-femmes s’apparente souvent à de la relaxation (ce qui est déjà super chouette !)
Vivre sa grossesse avec la sophrologie… Ou une sage-femme ?
La réponse est simple : pourquoi choisir ?!
Ce sont deux professions et deux approches aussi différentes que complémentaires !
La Préparation à la Naissance et à la Parentalité est un suivi médical indispensable pour toute femme enceinte, qu’elle vive sa première ou sa dixième grossesse.
Elle devra donc systématiquement se tourner vers un.e sage-femme, en libéral ou en hôpital.
Peut-être qu’avec ce.tte sage-femme, elle pratiquera la sophrologie et souhaitera approfondir cette pratique avec un.e sophrologue spécialisée dans l’accompagnement de la grossesse !
Ou peut-être que la sage-femme choisie ne sera pas formée à la sophrologie.
Il sera alors super intéressant de compléter l’approche médicale par une approche psycho-corporelle.
Choisir entre sage-femme et sophro a aussi peu de sens que de choisir entre son oncologue et son thérapeute, vous voyez ? Le premier est non-discutable !! Primordial. Non-négociable ! Le second apporte soutien, confort, ressources, apaisement.
La sophrologie et la grossesse : les hommes aussi
La sophrologie accueille aussi les futurs papas qui souhaitent s’impliquer aux côté de leurs partenaires. Ou alors, qui vivent un gros stress inhérent à cette grande aventure qu’est l’arrivée d’un enfant !
Certains papas souhaitent aussi connaître les techniques qui leur permettront d’être de super soutiens le jour de l’accouchement.
Enfin, ils peuvent aussi vouloir travailler dans une dimension plus existentielle, afin de trouver leur place de papa. Au sein du couple, de la famille mais aussi de la société.
Pour tout ceux qui se demandent : c’est quoi être père aujourd’hui ?
Vivre sa grossesse avec la sophrologie : quels bienfaits ?
L’origine de l’accouchement sans douleur
» A la femme il dit : » je multiplierai tes souffrances, et spécialement celles de ta grossesse ; tu enfanteras des fils dans la douleur; ton désir se portera vers ton mari, et il dominera sur toi. «
Genèse 3:16
Œuvrer pour un accouchement sans douleur ne date pas d’aujourd’hui. Ce n’est pas une lubie de perché.e, adepte de dev perso et de spiritualité.
C’est en 1952 que la France découvre une méthode venue d’U.R.S.S. Une véritable révolution puisqu’elle transgresse la célèbre malédiction biblique qui place l’enfantement au rang d’épreuve rédemptrice.
Il est montré que la peur de l’accouchement conditionne la douleur. Si la femme devient actrice de ce moment, qu’elle apprend la maîtrise de sa respiration, la capacité d’autogérer ses contractions, les ressentis durant l’accouchement seront différents.
L’ASD (Accouchement Sans Douleur) est approuvée par le Pape Pie XII et 6 cours sont remboursés par la Sécurité Sociale dès 1959.
Avec l’arrivée de la péridurale, on note un désengagement des femmes vis à vis de l’ASD.
Elles ne suivent plus les mois de préparation mais se rendent compte que non seulement supprimer la douleur ne supprime pas l’angoisse.
Et puis surtout : elles sont redevenues des pantins entre les mains du médical. Passives et infantilisées.
L’apport de la sophrologie
Je ne vais pas vous refaire toute l’histoire mais vous comprendrez comment nous sommes revenu.es depuis quelques années vers le désir de grossesses pro-actives et d’accouchements conscients et naturels.
Les couples ont aujourd’hui des « projets de naissance ».
La sophrologie s’inscrit parfaitement dans cette approche humaniste de la naissance.
Si les progrès dans le domaine médical ont indéniablement apporté la sécurité physique pour la mère et l’enfant, quid du psychique et de l’affectif ?
La sophrologie périnatale permettra de travailler sur les peurs liées à l’accouchement, de favoriser une respiration optimale permettant à la femme de s’économiser durant les phases de travail.
D’appréhender le stress (présent durant la grossesse, l’accouchement et les premières semaines avec bébé).
Mais aussi d’améliorer la confiance en soi (il n’est pas rare d’entendre les femmes en plein travail prononcer le fameux : « je ne vais jamais y arriveeeeeeer !!! »)
De travailler sur le schéma corporel (la prise de poids durant la grossesse n’est pas toujours facile).
La sophrologie permettra également de renforcer le lien mère-enfant, durant la grossesse. De leur permettre d’entrer en intimité profonde.
Les séances pourront être très intéressantes en cas de grossesse à risque, de complication. Dans le cas d’un diabète gestationnel, par exemple.
Des protocoles et accompagnements peuvent aussi être mis en place dans le cadre de PMA/ FIV (confiance, stimulation de l’utérus,…)
En post-partum, la sophrologie a toute sa place dans le cadre d’un accompagnement pour dépression postnatales précoces ou tardives/ baby blues (insomnie, anxiété, humeur déprimée, fatigue, irritabilité,…)
Liste non exhaustive !!
Conclusion
La sophrologie amène une conscience nouvelle, a fortiori dans le pays où je réside, la France, qui est l’un des plus médicalisés en ce qui concerne l’obstétrique.
L’accouchement en milieu hospitalier tient d’avantage de la réussite médicale que de l’acte d’amour.
Je vous invite à lire cet article qui aborde notamment les pratiques abusives, la désinformation et le non-consentement lors des accouchements.
En permettant à la femme d’adopter une attitude pro-active, de ne plus subir l’accouchement, elle lui permet de devenir pleinement Mère.
Sous condition d’un entraînement régulier, qui permet d’assimiler les exercices mais aussi d’inscrire des circuits dans le cerveau, la future maman prend confiance en ses propres capacités et compétences. Physiques, émotionnelles et mentales.
J’insiste sur ce que j’énonçais en intro : l’idée n’est pas de se projeter dans un accouchement idéalisé. Il ne se passera pas forcément par voie basse, rapidement et sans douleur !
La sophrologie à paillettes, à base de visualisations positives et utopiques, c’est du folklore !
Ok, sur le coup, ça peut faire du bien, mais dans les faits : ce sera inutile !
L’enjeu principal est de permettre aux femmes une adaptation rapide face aux situations inattendues, notamment une médicalisation de l’accouchement (cf : césarienne).
D’un côté, nous tâcherons de développer la maîtrise et le contrôle (notamment du souffle), de l’autre, le lâcher prise et l’acceptation active !
Les outils sophrologiques permettront de se sentir plus compétente sans nier la possibilité de rencontrer ses propres limites (la sophro ne nous transforme pas en machines prêtes à tout encaisser !)
Si cet article vous a plu ou intrigué.e et que vous souhaitez en parler, laissez moi un mot en commentaire ou par mail !
Je répondrai avec plaisir !
N’hésitez pas à le transmettre aux futures mamans autour de vous !
Avec Amour et douceur,
Emma
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