Les dérives sous-estimées de l’hyperconnexion

Les dérives sous-estimées de l’hyperconnexion

L’hyperconnexion (à nos Smartphones) engendre des dérives sous-estimées.

Entendons-nous bien !

Je trouve fantastique tout ce que le développement d’Internet a rendu possible, je ne souhaite pas proposer un article moralisateur !

Je suis la première heureuse de pouvoir proposer des consultations en ligne !

Que des personnes aux quatre coins du monde puissent assister aux Cercles de paroles que j’organise.

Néanmoins, passer autant de temps « connecté.es » sans limite franche entre le pro et le perso, le dedans, le dehors est une situation particulière et inédite ; totalememt inhérente à notre société d’Homo Numericus.

L’hyperconnexion en chiffres

Quelques chiffres pour illustrer la situation actuelle :

Un Français passerait en moyenne 7 heures par jour sur Internet.

16% des Français consultent leur smartphone dans les 5 minutes suivant leur réveil, 42% dans les 30 premières, 59% dans l’heure.

41% des Français consultent leurs messages au milieu de la nuit.

Et 7% y répondent.

Nous prenons notre Smartphone en main 2617 par jour.

Et 1 personne sur 5 l’a déjà fait tomber dans les toilettes.

Nous recevons chaque jour en moyenne 120 mails.

(Source : Etude Deloitte, 2015-2016)

Clairement : c’est énorme !

Mais ces chiffres reflètent une observation que j’ai pu faire en passant au crible mes 38 années sur Terre.

Le problème n’est pas tant d’utiliser Internet et la technologie.

C’est plutôt l’usage que nous en faisons et tout particulièrement notre lien à nos Smartphones.

Hyperconnexion : des conséquences évidentes

Les dérives de l’hyperconnexion ne sont pas sans conséquences.

Avec les Smartphones, la connexion sort de l’espace privé et est rendue possible à tout moment.

Dans le métro, dans la rue, aux toilettes, en préparant à manger, en faisant notre jogging, en soirée avec des amies, à l’anniversaire de notre nièce : nous pouvons consulter, interagir, consommer du virtuel.

Le fait qu’il n’y ait plus de cadre et donc, plus de limites, a -je pense- considérablement changé la donne.

A fortiori pour les personnes qui, comme moi, travaillent en ligne ou ont goûté aux joies du télé-travail.

On note évidemment des changements dans nos comportements et sur notre santé physique et mentale.

Nous manquons de concentration, nous sommes stressé.es et insomniaques (retrouve mes astuces pour mieux dormir !).

Le monde s’offre à nous de façon vertigineuse, avec ses choix et possibilités infinis, qui peuvent déstabiliser.

A l’instar des sites de rencontre qui permettent de « faire la connaissance » de centaines de personnes différentes chaque jour, nos Smartphone sont une ouverture abyssale sur le champ des possibles.

Sur la comparaison à autrui aussi.

Cela modifie immanquablement notre façon d’être à nous-même et aux autres.

Notre façon de communiquer.

De penser.

De ressentir.

Même de considérer les biens et les gens (surconsommation, le ghosting, le cyber-harcèlement,…).

Ces dérives sous-estimées liées à l’hyperconnexion

La différence entre connexion et hyperconnexion est rendue visible et palpable à travers plusieurs symptômes inédits.

Des dérives corrélées à l’avènement du Smartphone qui nous offre la possibilité d’être connecté.es 24/7.

Le blurring : première dérive sous-estimée de l’hyperconnexion

L’un des concepts intrinsèquement liés à cette connexion illimitée est le « blurring »

Il n’y a plus de frontières entre le pro et le perso, le dedans le dehors, la semaine et le week-end. On ramène du travail à la maison, où on travaille directement depuis chez soi, sans avoir le temps d’en sortir.

On lit les mails pro à la caisse du supermarché, on y répond en étant aux toilettes.

Lorsqu’on utilise le même outil pour le travail et le loisir, ces frontières sont d’autant plus floues !

Néanmoins, la bonne nouvelle est que depuis 2017, la législation française a instauré « le droit à la déconnexion ».

Les employeurs de plus de 50 salariés doivent « mettre en place des instruments de régulation de l’outil numérique ».

On déplorera tout de même qu’il faille un nouvel outil quand le bon sens et l’empathie devraient suffire .

L’infobésité : quand l’info nous submerge

Comme je le disais en intro, nous recevons en moyenne 120 mails par jour.

Au-delà des mails, l’info est désormais partout !

Auparavant rare et précieuse (on attendait la presse du matin et le journal TV du soir), elle est aujourd’hui déversée en abondance.

Et accessible en permanence.

Le mot valise formé sur « informations » et « obésité », reflète bien cette surcharge, cette saturation de données.

Il est impossible pour un cerveau humain de prendre connaissance et de traiter toute cette masse d’infos.

Sans parler que la grande majorité d’entre elles ne nous sont d’aucune utilité, voire nous nuisent.

Le fait que nous puissions consulter nos mails même en dehors du temps de travail et recevoir des infos en dehors des temps qui y étaient consacrés (et choisis) sont problématiques.

En 2012, un salarié sur deux se disait en surcharge informationnelle. Je n’ose imaginer aujourd’hui, entre le télé-travail et les mille et uns canaux de communication !

Cette multiplication des messages nous interrompt tout au long de la journée et au cours de la nuit.

Nous perdons de précieuses minutes à prendre connaissance des notifications puis tout autant de temps à nous concentrer à nouveaux sur nos tâches.

Nous-mêmes, en tant que créateurs et partageurs de contenus (publications Insta, Facebook, Twitter, TikTok…), nous participons à cette infobésité.

Et nous créons malgré nous ce climat anxiogène propre à l’hyperconnexion.

Le multi-tasking : conséquence néfaste de l’hyperconnexion

La masse informationnelle et la diversité des contenus offerts par l’hyperconnexion nous poussent à être partout et nulle part à la fois.

Toujours dans cette dynamique de productivité, cette injonction à l’optimisation du temps, du « toujours plus », nous n’avons d’autres choix que de tout faire en même temps.

Nous n’avons d’autres choix… jusqu’à ce que nous fassions consciemment le choix de sortir de ce schéma !

C’est notamment ce que j’invite à expérimenter dans mon Ebook Une Année sereine, qui aborde le sujet de la Slow Organisation, ainsi que la régulation du stress par le Journaling et la naturopathie.

Lors de mes recherches, j’ai découvert que dans certaines villes, comme Munich, ont été mis en place des marquages au sol, en parallèle des feux de signalisation. Ainsi, les personnes qui marchent le nez sur leur Smartphone peuvent traverser en toute sécurité.

En Chine, on expérimente les rues à double voies : l’une pour les marcheurs, l’autre pour les « Smombie », contraction de Smartphone et Zombie.

Je ne sais pas si adapter le paysage urbain à ces nouvelles habitudes n’est pas une façon de les entretenir…

L’avenir nous le dira !

Il est déjà prouvé que le multi-tasking à haute dose n’apporte aucun bénéfice.

Je me suis longtemps leurrée en me disant « je suis comme ça, je passe d’une activité à une autre parce que mon cerveau a besoin de stimulation… ».

Certes, certains profils créatifs (haut potentiel, tda/h,…) ne peuvent pas rester focus des heures sur une tâche.

Mais très honnêtement : personne ne le peut !

L’école nous formate à rester assis des heures à étudier, le monde du travail également.

Mais c’est contre nature !

Cela ne signifie pas pour autant qu’il est bénéfique de baguenauder de manière inconsidérée sans essayer de trouver un équilibre adapté à nos besoins.

Le FOMO : nouvelle anxiété sociale liée à l’hyperconnexion

Fear of Missing Out ou « la peur de manquer une info, de passer à côté de quelque chose (événement, opportunité, potin,…)

Et si on se demandait pourquoi nous déverrouillons et consultons aussi souvent nos téléphones, et ce même lorsque notre attention n’est pas attirée par une notification ?

Bien entendu, il se cache derrière ce geste un automatisme.

Egalement, l’activation du circuit de la récompense, et sa dose de dopamine.

Mais il ne faut pas oublier le FOMO (j’ignore pourquoi cet acronyme est au masculin alors qu’il s’agit d’UNE peur, mais passons).

Ce désir que nous avons de tout savoir, tout de suite.

Cela est lié à l’infobésité vue précédemment et à l’Oversharing (le partage de contenus en masse, non stop).

Mais aussi à la réalité humaine qui nous limite dans nos déplacements et possibilités.

Et non, le don d’ubiquité n’est pas livré avec nos Smartphones !

De cette tension entre la multitude de contenus et nos limitations humaines est né ce désir fort de vivre à travers le quotidien des autres. Sans en louper une miette.

Le FOMO révèle notre peur de ne pas faire partie du clan.

De ne pas être intégré.e au « truc du moment ».

D’entendre « Ah bon ?? Tu ne savais pas ??!! » devant la machine à café.

Le paradoxe de ce nouveau symptôme est que plus nous consacrons de temps à scroller pour connaître la vie des Autres, moins nous avons le temps pour vivre la nôtre !

La Nomophobie : jamais sans mon Smartphone

As-tu déjà vécu l’expérience du 2% de batterie alors que tu es loin de chez toi et sans possibilité de recharger ton téléphone ?

Ou ressenti cette boule au ventre en constatant que tu as oublié ton téléphone chez toi ?

Je suis certaine que si cela t’arrive, tu serais capable de faire demi-tour, quitte à te mettre en retard, pour retourner chercher ton Précieux.

Je ne me moque pas : je serais la première à le faire.

Ceci étant dit, nous ne sommes pas seul.es puisque 57% des Français se disent incapables de passer une heure sans consulter leur Smartphone.

( Source Etude IFOP, 2013)

(J’imagine que c’est beaucoup plus aujourd’hui !)

29% sont angoissés s’ils ne l’ont pas avec eux

(Source : Psychologie Magazine, 2016)

38% se disent littéralement dépendants à leur Smartphone

(Source : Etude BVA Digital Society Forum, 2016)

As-tu déjà remarqué à la fin d’une séance ciné le premier geste des spectateurs ?

Ils consultent leur téléphone. Sans compter ceux qui le consultent pendant la projection…

Mais ceux-là méritent une malédiction sur dix générations !

La NOMOPHOBHIE est donc un néologisme formé sur No -Mobile Phone- et du terme phobie.

Il ne s’agit pas d’une phobie pathologique, néanmoins, ses effets sont notables.

Lors d’une étude où les participants devaient remplir des grilles de mots fléchés sans pouvoir répondre à leur Iphone, on a mesuré une augmentation de leur rythme cardiaque, de leur tension artérielle, et de leur anxiété.

Notre Smartphone est devenu un doudou, le lien entre la Société et nous.

Le symbole de notre reliance, de notre appartenance à un grand Tout, infini.

Le seul objet capable de mettre fin à notre sentiment de solitude, en nous donnant accès notamment aux bien nommés « réseaux sociaux ».

C’est un peu flippant, non ?!

Le Phubbing : une dérive sous-estimée qui fait du mal

Avant mes recherches j’ignorais que ce phénomène symptomatique de l’hyperconnexion portait un nom.

Pourtant, je le connais bien pour l’avoir vécu et le faire subir à mon entourage.

Contraction des mots Phone et Snubbing, le Phubbing est cette chose horrible que nous faisons lorsque nous dégainons notre téléphone alors que nous sommes en compagnie.

Au cours d’un diner au restaurant.

Pendant qu’un proche nous parle.

En tête à tête amoureux.

Alors que nous cherchons à tout prix à créer du lien, nous ne sommes plus capables de vivre pleinement nos interactions sociales ! Quelle ironie !

Une étude américaine de 2015 révèle que 9 personnes sur 10 admettent avoir utilisé leur smartphone au cours d’un événement social.

Notre obsession à ne rien rater (FOMO), notre besoin d’optimiser notre temps (multi-tasking), notre peur des blancs et des « temps morts » nous empêchent de déconnecter pleinement.

Même si la promesse est de passer un super moment avec nos proches.

Le Phubbing n’est évidemment pas sans conséquences.

Tout d’abord sur le vie de couple où il créé des insatisfactions.

En 2016, la moitié des personnes « en couple » disaient avoir été phubbées par leur conjoint.e.

En salle de réunion, en classe, en amphi, au milieu de RV importants, notre attention est happée par notre écran.

Nos échanges perdent en qualité (les salarié.es ont moins confiance en un.e supérieur.e greffé.e à son téléphone). Et nous perdons aussi une bonne partie des informations communiquées.

Le Phubbing joue un rôle dans la perte de confiance en l’autre, dans l’altération de l’estime de soi.

On peut se sentir offensé.e par l’indifférence de notre interlocuteur voire rabaissé.e, ignoré.e.

Imaginons ce qu’il se passe dans la tête et le cœur d’enfants dont les parents sont H24 scotchés à leur téléphone, ignorant leurs demandes ou leurs histoires d’école.

Quelles conclusions tirer de ces dérives de l’hyperconnexion ?

L’hyperconnexion est bien plus qu’un phénomène de société.

Il ne suffit plus de dire : « il faut vivre avec son temps ».

Bien entendu, les progrès techniques et les possibilités qu’ils nous offrent sont fabuleux.

Nous n’allons pas cracher dans la soupe ni sortir le couplet réac’ du « c’était mieux avant ».

Mais il est important de prendre conscience du revers de la médaille en mettant des mots sur ces dérives que nous observons et vivons, sans toujours réagir.

Je ne cherche pas à être culpabilisante.

J’espère juste que la mise en lumière de ces symptômes très spécifiques à l’hyperconnexion te permettra de réfléchir sur tes habitudes en lien avec ton Smartphone.

Quelle place souhaites-tu lui donner ?

Pour quoi t’en sers-tu ?

Est-ce qu’il t’arrive de l’utiliser par automatisme ? Ennui ? Peur d’être « hors game » ? Inconfort face à la solitude ? Incapacité à vivre pour et par toi-même ?

T’arrive-t-il d’être plus longtemps sur ton téléphone qu’auprès de tes ami.es ?

D’ignorer ton, ta conjoint.e, tes parents, tes enfants, au profit de tes notifications ?

As-tu parfois le sentiment que ta journée est passée trop vite ? Qu’une bonne partie de ton temps libre est partie dans les limbes de ton Smartphone ?

Te sens-tu soulé.e, gavé.e, d’informations ?

Perds-tu parfois confiance en toi car la vie des autres semble plus intense et passionnante que la tienne ?

Te compares-tu à des personnes qui évoluent dans la même sphère que toi mais à un autre rythme ? Avec davantage de « succès » ?

Je t’invite à répondre à ces questions par écrit dans un carnet, et à mettre en place de légers changements, des petits pas, pour retrouver une vie pleinement connectée à TOI !

Avec Amour (et reconnexion !),

Emma

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