Comment prévenir les troubles alimentaires chez nos enfants ?
Voici une question que tout adulte devrait se poser tant le sujet est fondamental.
Lorsque nous sommes en présence d’un.e enfant (que nous soyons parent, prof, tonton, baby-sitter…), nous sommes loin d’imaginer qu’un jour, ce petit être plein de vie, toujours à l’heure pour le goûter, pourrait être touché.e par l’anorexie mentale, la boulimie ou out autre trouble du comportement alimentaire.
Ces pathologies qui se révélaient le plus souvent à l’adolescence, touchent de plus en plus de jeunes enfants, entre 8 et 11 ans, voire moins.
Cela fait froid dans le dos d’imaginer une petite fille de 9 ans entrer dans l’enfer des régimes parce que « ses cuisses se touchent », parce qu’on lui a fait remarquer son petit bidou « rentre ton ventre !!! », parce qu’on lui a dit que bientôt elle serait plus lourde que son frère.
Les enfants ne sont pas tendres entre eux et il est vrai que la cour de récré est un nid de vipères.
C’est un autre sujet.
Reconnaissons que nos mots et comportements d’adultes peuvent également nuire à nos enfants.
Voyons ensemble comment faire pour les préserver des troubles du comportement alimentaire (ou de toute forme d’inconfort face à l’alimentation et leur rapport au corps) en veillant à nos paroles et en donnant le bon exemple.
Un rapport sain au corps et à la nourriture se construit dès l’enfance
Il n’est pas rare que les personnes vivant un rapport douloureux avec l’alimentation et la perception de leur corps aient connu dès l’enfance des « couacs » les empêchant de développer une relation neutre et saine avec leur corps, leur poids et la nourriture.
Il peut s’agir de moqueries répétées, de l’attribution de surnoms désobligeants, de « petites » remarques estimées anodines par les adultes, ou le contact avec un environnement toxique et grossophobe où le « régime » est normalisé comme « façon de vivre » (ou plutôt de manger) (ou de ne pas manger) (bref, tu as compris !!)
Je ne blâme absolument personne.
Tout va tellement vite dans nos vies que nous ne faisons pas toujours attention à nos paroles et nos comportements face aux enfants, que l’on soit parent, enseignant.e, baby sitter, soignant.e…
Et puis nous avons tendance à oublier -même entre adultes- que nous n’avons pas tous la même capacité d’accueil des remarques, réflexions ou petites « blagues ».
Nous n’avons pas tous la même sensibilité, la même histoire.
Ce n’est pas parce qu’un mot nous semble neutre qu’il l’est pour tout le monde ; tout dépend de nos expériences passées et de ce que les mots réveillent en nous.
Et ce n’est pas parce qu’une vanne nous fait rire qu’elle fera rire tout le monde, encore moins la personne visée.
Nous manquons souvent d’empathie, tout simplement (mais cela se corrige avec de l’engagement !)
Concernant les enfants et adolescents, j’observe souvent des adultes agir et parler sans filtre.
Ils parlent de leur enfant à la troisième personne en sa présence, emploient des termes injurieux ou controversés, s’expriment avec colère voire brutalité, sans avoir conscience que c’est là un bagage très lourd qu’ils transmettent à leurs petits.
En tant qu’adultes, nous avons pourtant une grande responsabilité : celle de permettre à nos petits bouts de grandir le plus sereinement possible et de devenir des adultes en pleine santé (physique mais aussi mentale et émotionnelle).
Sans culpabiliser, prenons conscience que des mots mal choisis peuvent interférer dans leur bon développement et que notre propre rapport au corps et à l’alimentation pourrait avoir sur eux de lourdes conséquences.
Voici quelques pistes de réflexion pour permettre à nos enfants de grandir dans un environnement sain, sans développer de complexes inutiles ni vision erronée de l’alimentation.
Les 10 commandements pour préserver nos enfants des TCA
Tes surnoms vaches, pour toi tu garderas
On bannit de notre vocabulaire les petits mots anodins mais assassins ainsi que les surnoms taquins (la rime, c’est cadeau ). Pas de « Tu te portes bien, Tu manges bien à la cantine, Vaut mieux avoir ta photo » et toutes les appellations critiques du genre « bouboule », « cochonou », « la grosse », « la crevette », « skelettor »…
On évite aussi de dire aux petites filles qu’elles n’ont pas besoin de se resservir tandis que leur.s frère.s peuve.nt manger ce qu’il. souhaiten.t autant qu’il.s le souhaite.nt.
C’est ce genre de remarques totalement infondées qui font que vingt ans plus tard, une jeune femme n’osera pas prendre un burger au restaurant avec son nouveau mec parce qu’elle aura appris qu’une femme doit manger moins qu’un homme.
Et clairement, on n’a pas envie de manger de la salade César toute notre vie !
De dessert, tu ne priveras pas
On ne prive pas un enfant de dessert au prétexte qu’il n’a pas terminé son assiette.
Pourquoi ?
Parce qu’il.elle peut très bien être repu.e de haricots verts ou de purée mais avoir envie d’une compote ou d’une glace.
De la même manière qu’à Noël, alors que tout le monde est plein jusqu’aux amygdales, on prend une part de bûche ^^
Cela s’appelle le RASSASIEMENT SENSORIEL SPÉCIFIQUE et non un caprice ni même de la gourmandise (qui n’est pas un pêché, rappelons-le au passage !).
Forcer à manger, jamais tu ne feras
Inutile de disputer un enfant en cas de refus ou rejet d’un aliment.
Il peut, tout simplement, ne pas avoir faim et c’est son droit : « my body, my choices », ça fonctionne même quand on a 5 ans et des bananes !!
Et puis il y a aussi ce qu’on appelle la NÉOPHOBIE ALIMENTAIRE
Si celle-ci nuit à la santé de ton enfant, ou alors si ce stade te déroute et t’inquiète, consulte un spécialiste de l’enfance comme un pédopsy qui saura répondre à tes questions de parent, te rassurer et te conseiller 🙂
Diaboliser les aliments, tu éviteras
En d’autres termes, évitons de coller une étiquette sur les aliments « bons » ou « mauvais » : aucun aliment n’est fondamentalement haïssable, n’en déplaise à Weight Watchers et son régime à points ou au Nutriscore qui semble avoir une dent contre l’huile de coco qui écope toujours du bonnet d’âne.
C’est la consommation excessive qui est néfaste.
Mais elle l’est aussi bien pour des bonbons que pour des courgettes !
Si ton gamin se met à engloutir deux kilos de courgettes toutes les deux heures, le concept « les légumes sont bons pour la santé » tombera à l’eau, non ?!
Tout est question de comportement (plus que d’alimentation) et d’équilibre.
Rappelons-nous par ailleurs que les enfants se dépensent énormément ce qui entraîne une forte appétence pour les aliments gras et sucrés, fournisseurs officiels d’énergie.
Evidemment, si toi, en tant qu’adulte, tu a pris l’habitude de manger de la salade et de la soupe à l’oignon pour compenser ton Magnum double choco du samedi soir, cela doit te sembler une autre dimension !
Un autre conseil : ne transmets pas tes névroses alimentaires à ton enfant et fais toi aider plutôt que le.a réprimander quand iel mange en écoutant son instinct et non son mental.
La nourriture comme récompense, tu oublieras !
ON NE RÉCOMPENSE PAS AVEC LA NOURRITURE ET ELLE N’EST PAS UN DOUDOU !
Ton enfant n’est pas un chien qui donne la patte pour mériter son nonosse!
Le cas échéant, il mangera l’aliment sans avoir nécessairement faim et à terme, associera l’effort à la récompense sous forme de nourriture et se réfugiera dans le pot de glace en cas de pépin plutôt que de se mettre à l’écoute de ses émotions.
J’ai fini ma compta : je mange, mon mec m’a quitté.e je mange, j’ai terminé le ménage : je mange… = c’est vraiment ce que tu veux pour ton enfant ?!
A finir son assiette, jamais tu ne forceras
C’est un peu le pendant de la récompense sous forme de nourriture qui brouille les signaux de faim : forcer à finir son assiette brouillera ses sensations de satiété.
Un enfant est un mangeur intuitif et libre : n’allons pas tout gâcher !
Ni Chien-Chien ni poubelle de table, un enfant sait de lui-même ce qu’il a à faire concernant son alimentation (sauf si tu observes des comportements qui t’inquiètent et, encore une fois, la meilleure chose à faire sera de consulter un spécialiste)
Inutile également de rappeler à un enfant qui laisse trois bouts de jambon dans son assiette que des animaux sont morts pour le nourrir ou que des enfants de son âge meurent de faim dans d’autres pays.
A part si tu veux le.a traumatiser à vie et qu’iel ne vienne jamais te rendre visite à l’hospice !
LA NOURRITURE N’EST NI UN REFUGE NI UNE CONSOLATION NI UNE PUNITION
L’exemple tu montreras
On ne parle pas régimes, restrictions, calories /points, cellulite devant les enfants.
On leur apprend à aimer leur corps et à le respecter et ça commence par soi !
On peut leur transmettre l’importance de bouger, et de s’alimenter dans le respect de leurs besoins mais pas à se dénigrer ou à culpabiliser pour trois M&M’s !
On évite également de critiquer et juger les corps des autres : ne médis pas sur la tante Marie qui a pris dix kilos, ne glorifie pas telle star qui est beaucoup mieux avec ses 5 kilos en moins, ne traite pas non plus de grosse vache la dame qui te pique ta place de parking sous le nez !
ça s’appelle de la grossophobie et c’est tout bonnement dégueulasse et toxique !
A la fin du repas, tu ne féliciteras pas
Je sais, je sais : cela te semble plutôt bienveillant de féliciter un enfant qui a tout manger comme un grand (entièrement et proprement) et pourtant, à force de répétition, il pourrait manger au-delà de sa faim juste pour faire plaisir et être complimenté.
Et oui, c’est subtil et peut-être même que tu trouves cela tiré par les cheveux mais c’est finalement assez logique : un enfant cherche la validation, l’approbation et la satisfaction de ses parents et des adultes en général.
S’il remarque qu’il est possible de te satisfaire en mangeant l’intégralité de son assiette, il le fera.
Il ne mangera plus en accord avec ses sensations et besoins physiologiques mais pour ta reconnaissance, et des papouilles, et une récompense.
« Oh tiens, une sucette parce que tu as bien mangé !! «
>>>>>> c’est non !!!!!
Les temps de repas, tu respecteras
Les repas sont des moments d’échanges, de retrouvailles, de partage dans le calme et la convivialité : évitons de mettre la télé à fond, d’écouter les infos anxiogènes ou des émissions débilitantes.
Evitons également les disputes et règlements de compte !
En amont du repas, pourquoi ne pas faire le marché ou les courses en famille et surtout cuisiner ensemble (à pleines mains)
Il est important de remettre du sacré dans les repas sans sacraliser à l’extrême la nourriture 🙂
A la pleine conscience, tu l’initieras
Du moins, vous vous initierez ensemble !
Observer les aliments, sentir, goûter, mastiquer lentement, prendre conscience que la nourriture ne tombe pas toute cuite dans l’assiette, que les pommes ne poussent pas au drive de Auchan et que derrière chaque aliment il y a une histoire, ce sont des piliers fondamentaux d’un bon rapport à l’alimentation, à coté desquels nous, adultes, passons bien souvent !
Voilà ! J’espère que ces quelques conseils te seront utiles !
Peut-être même qu’ils viendront éclairer certains de tes questionnements ou habitudes alimentaires que tu aurais hérités de ton enfance.
Comme toujours, je t’invite à rebondir en commentaire ou par mail si tu le souhaites.
Si tu as des questions concernant le comportement alimentaire de ton enfant ou le tien, sache que c’est ma spécialité et que je serais ravie de vous accompagner sur le chemin de le sérénité alimentaire !
Avec Amour,
Emma