Pour cette nouvelle rencontre, je suis plus qu’heureuse d’accueillir le créateur du compte Instagram Diabète Maîtrisé qui est également mon âme-frère, un homme merveilleux, toujours là pour moi, et dont j’admire la détermination à toute épreuve.
Durant cet échange, nous allons donc parler du diabète, maladie chronique avec laquelle vit Y. depuis 2012, et à laquelle est entièrement dédié son compte Instagram.
C’est une belle opportunité pour nous de pouvoir, à travers ses mots et son expérience, découvrir et/ou mieux comprendre ce que recouvre cette pathologie qui bouleverse la vie du patient et de son entourage.
Je suis d’autant plus touchée par cette collaboration que j’ai grandi avec un Papa diabétique insulino-dépendant (type 1, donc). J’ai vécu à ses côtés les hypoglycémies, les comas diabétiques, le ras-le-bol de la maladie, le contrôle de glycémie avec le fidèle glucomètre après les repas (j’avais régulièrement droit à mon p’tit prélèvement car, oui, pour un parent diabétique, l’inquiétude de refiler son fardeau à sa progéniture est grande !). J’aurais adoré que mon Père croise la route de Y. Je suis certaine qu’il aurait su lui transmettre son courage et sa soif de vivre. Et je suis sûre que ma tête de pioche de paternel (un bon Bélier) aurait écouté les conseils de mon Ami ! Sa vie aurait alors été différente. En mieux.
Cette interview est un peu pour lui, aussi.
Le diabète est une pathologie très répandue et paradoxalement mal connue. C’est seulement lorsqu’on y est confronté, soi-même ou un proche, que l’on s’y intéresse.
Du coup, pour commencer, ce serait génial que tu nous éclaires à son sujet.
Comment pourrais-tu nous expliquer simplement ce qu’est le diabète et comment on le diagnostique ?
Tout d’abord, avant de commencer, je tiens à te remercier chère Emma pour ta confiance et l’intérêt que tu portes à mon expérience avec le diabète. C’est avec une immense joie que je partage ce débat avec toi, en espérant offrir une vision plus claire de la maladie et encourager toute personne diabétique à améliorer sa qualité de vie.
Par définition, le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par un taux élevé de sucre dans le sang (l’hyperglycémie), et qui survient lorsque le pancréas ne sécrète plus d’insuline, comme le cas du diabète du type 1 ou
lorsque le corps résiste à l’insuline produite par le pancréas, et là on parle du diabète du type 2
Concernant, le diagnostic du diabète, il se fait par une prise de sang, avec dosage de la glycémie (taux de sucre dans le sang). On considère qu’il y a présence d’un diabète si la glycémie est supérieure ou égale à 1.26 g/l à jeun et
supérieure ou égale à 2 g/l après le repas (glycémie postprandiale).
Quels sont les principaux facteurs de risques ?
Il n’existe pas une cause précise mais un ensemble de facteurs qui peuvent déclencher la maladie : Le diabète du type 1, qui touche les enfants et les jeunes adultes, est dû à une défaillance du système immunitaire qui s’attaque à ses propres cellules, détruisant ainsi les cellules bêta du pancréas, productrices d’insuline. Par contre, le diabète du type 2 est lié en grande partie à l’hygiène de vie : Alimentation déséquilibrée, manque d’activité physique, surpoids,etc. Tous ces facteurs peuvent le déclencher à un moment donné dans la vie.
Quels sont les symptômes qui peuvent alerter ?
Plusieurs symptômes peuvent se déclencher lors d’une hyperglycémie comme la fatigue, une soif intense, une vision brouillée, une bouche sèche, une faim exagérée, une envie fréquente d’uriner, un amaigrissement important et fonte musculaire
Quelles sont les conséquences sur la qualité de vie des personnes diabétiques ?
Le diabète a une grande influence sur la vie du patient diabétique car chaque jour pour lui est un défi, et le début reste toujours le plus difficile. Lorsque la maladie s’installe, il faut à tout prix accepter la réalité et s’attaquer à la prochaine étape qui est le traitement et le changement de style de vie.
Accepter sa maladie, bien la comprendre et se familiariser avec son corps, c’est la clé du bien-être avec le diabète.
Tu es toi-même diabétique. Peux-tu nous partager ton parcours avec la maladie ? Quand et comment tu as été diagnostiqué ?
Mon histoire avec le diabète a commencé en février 2012, mais quelques mois avant le diagnostic, je vivais avec les symptômes sans me rendre compte que c’était le diabète qui m’alertait. Comme dans mon entourage personne n’est diabétique, je n’avais aucune connaissance sur la maladie et ses symptômes. Mon corps s’est battu en silence jusqu’au jour où je n’arrivai plus à articuler en raison de ma bouche devenue sèche, ni à voir car ma vue s’était considérablement affaiblie. Un matin je me suis déplacé à la pharmacie du coin pour faire un test de glycémie capillaire, sur l’initiative de ma mère, et là j’ai reçu la nouvelle : une glycémie de 3g/l à jeun.
Le lendemain je suis allé voir un médecin qui, après m’avoir examiné en vérifiant mon taux de sucre et de cétone, m’a
transféré directement en réanimation, car je pouvais à tout moment tomber dans un coma diabétique (acidocétose). Mon corps était acidifié et assoiffé par manque d’insuline.
Ma première analyse d’hémoglobine glyquée était de 19%. Un corps qui fonctionne, qui respire, qui vit avec ce taux, c’est juste miraculeux !
Quelles sont les contraintes que tu as rencontrées, et les changements que tu as dû opérer dans ta vie ?
Après cinq jours d’hospitalisation, mon corps a pu reprendre des forces et combler ses besoins en insuline.
Et c’est en revenant de l’hôpital que le face à face avec la maladie a commencé !
Accepter mon diabète n’était pas une chose facile, je le voyais comme un adversaire, mes armes de combat étaient cette injection d’insuline et ces 30 minutes de marche que je faisais chaque jour.
Quant à ma force, c’était ma mère.
Elle n’a jamais baissé les bras un instant pour me soutenir et consacrait tout son temps à chercher et préparer toutes les recettes magiques à base de plantes hypoglycémiantes pour équilibrer mon diabète. Je n’avais qu’un seul but durant ce temps, c’était de faire baisser cette HbA1c à son taux normal dans les trois prochains mois
J’ai cité le mot adversaire ? Absolument ! J’ai considéré le diabète comme un adversaire et voila la raison : J’ai consacré mon enfance et toute mon adolescence aux arts martiaux, j’ai pratiqué plusieurs disciplines et j’étais même compétiteur dans l’une d’elles au sein de l’Équipe nationale marocaine. Dans ma vie, j’ai toujours eu cet esprit du combattant qui ressortait devant chaque nouvel obstacle.
Avant d’affronter un adversaire, il faut connaître ses performances, ses points forts, ses points faible, etc. Et c’est ce que j’ai fait avec le diabète. J’ai consacré tout mon temps à la recherche, j’apprenais sur la maladie jour et nuit.
J’ai tellement appris sur le diabète qu’il m’est devenu familier et c’est ce qui m’a aidé à sortir du déni pour finalement l’accepter.
Tu as créé un merveilleux compte Instagram, rempli de conseils santé-nutrition pour aider les diabétiques à adopter une hygiène de vie en adéquation avec leur pathologie. Tu y parles beaucoup d’alimentation mais aussi des soucis de santé auxquels le diabète expose tel que le pied diabétique.
Peux-tu nous dire comment t’est venue l’idée de ce compte et surtout du nom que tu as choisi « Diabète maîtrisé » ?
L’idée de créer ce compte Instagram est venue après avoir vécu quelques années avec la maladie.
Je voulais, par le biais de ce compte, partager toutes mes connaissances sur le diabète, parler de mon expérience et aussi créer des liens et des échanges avec toute personne qui peine à gérer son diabète ou à l’accepter.
Un autre objectif important est d’éveiller les consciences en abordant des sujets sensibles, tel que le pied diabétique que tu as remarqué dans mes posts !
Le nom que j’ai choisi pour la page a été inspiré de cette phrase «Tout ce qui est mesurable est contrôlable ».
Une glycémie ça se mesure, donc on peut la contrôler. Et puisque c’est une affaire de santé, il faut miser sur le bon
contrôle du diabète, donc de sa maîtrise. C’est de là que vient le nom de Diabetemaitrisé.
Quel avenir entrevois-tu et espères-tu pour ce beau projet de cœur ?
Au début, lorsque j’ai créé cette page, c’était pour une raison simple : faciliter la compréhension du diabète et expliquer les méthodes de sa gestion, surtout pour les nouveaux diabétiques qui peuvent être perdus et démoralisés en recevant le diagnostic.
Aujourd’hui, je continue sur le même chemin, en donnant plus de conseils sur la nutrition et sur la prise en charge nutritionnelle du diabétique et j’espère que dans un futur proche, j’arriverai à proposer un accompagnement qui vise à améliorer la qualité de vie du patient diabétique.
Je te le souhaite de tout mon coeur !!!!!
Tu étudies d’ailleurs la nutrition et tu t’intéresses pleinement à ce domaine, peux tu nous parler un peu plus de ce choix de formation ?
L’alimentation est l’une des piliers majeurs qui intervient dans la bonne gestion du diabète. Pour garder ma glycémie dans les normes, il me faut impérativement choisir les aliments qui l’influencent le moins. Cela m’a amené à découvrir un autre univers qui parle d’indice glycémique, charge glycémique, aliments à éviter, d’autre à privilégier, modes de cuisson, etc.
Petit à petit j’ai découvert et apprécié le monde de la nutrition et l’art de s’alimenter. En ce moment même, je suis à ma deuxième formation dans ce domaine fascinant qui nous approche plus de notre corps et de ses besoins nutritionnels.
C’est une véritable exploration à mener mais probablement nécessaire pour arriver à une certaine maîtrise et « sérénité », du moins, vivre avec peut-être moins d’appréhension.
Dirais-tu qu’aujourd’hui tu as mené à bien cette exploration et que tu es en paix avec ton diabète ?
Aujourd’hui, je remercie le diabète de m’avoir rendu visite, car en apprenant à vivre avec, j’ai appris tellement de choses, à commencer par prendre soin de ma santé.
Grâce à lui, j’ai pu m’échapper d’une vie totalement déséquilibrée pour renaitre et réveiller en moi le sportif que j’étais auparavant.
Sur ton compte Instagram, tu livres une série de posts intitulés « Un sortilège sucré », dans lesquels tu partages ton expérience. J’ai vu que certaines personnes nommaient leur diabète « la maladie du Diable ». On a vraiment le
sentiment que cette maladie déboule dans le quotidien et le chamboule, comme un mauvais sort !
Toute personne vivant avec un diabète a sa propre histoire qui redéfinit le lien créé lors de l’acceptation de la maladie. Certains le considèrent comme un ami, ou un compagnon de vie, d’autres le voient comme un ennemi ou un adversaire, mais cela reste un choix personnel pour s’adapter à ce diabète qui vit avec nous en permanence.
Que le diabète soit perçu comme un ange ou un mauvais sort, notre objectif reste le même : pouvoir le maitriser le plus longtemps possible.
J’ai voulu me rapprocher un peu de mes lecteurs en me présentant dans cette série de posts qui s’intitule « un Sortilège sucré…un Corps au défi » en racontant mon histoire avec le diabète, avec ses moments de gloire mais
aussi de défaite et pour dire à tous les diabétiques, que dans la vie, ce qui ne tue pas rend plus fort.
J’imagine que pour apaiser la relation entre la pathologie et le patient il est important que ce dernier apprenne à la connaître sur le bout du doigt. Toute la terminologie (glycémie, hémoglobine glyquée…), les gestes (pour les injections) mais aussi qu’il apprenne à bien se connaître lui-même, qu’il sache être à l’écoute de son corps, pour reconnaître (et anticiper peut-être ?) les hypo et hyperglycémies, comment se resucrer, etc.
Mieux on connait le diabète et son traitement, moins on le craint. Apprendre davantage sur la maladie et sur les méthodes de sa gestion, va beaucoup aider le patient à surpasser la peur et le déni qui s’installent dans les premiers jours qui suivent le diagnostic.
Rester à l’écoute de son corps est très important pour un diabétique, car celui-ci va lui permettre de détecter les malaises des hypo et des hyperglycémies et de les corriger. Il y a tout un effort et un travail à faire au quotidien pour prendre en main son diabète et devenir son propre médecin.
Quelles sont les grandes leçons que tu tires de cette expérience de vie transformatrice ?
Chaque jour passé avec le diabète est une leçon de vie, et si je suis la personne que je suis aujourd’hui, c’est en partie grâce à cette maladie. La grande leçon que je tire de cette expérience (qui continue encore), c’est qu’il ne faut jamais négliger sa santé, car une fois qu’elle est perdue, il sera difficile de la récupérer.
Enfin, quels mots souhaiterais-tu adresser aux personnes diabétiques qui nous lisent aujourd’hui ?
Le message que j’adresse aux personnes atteintes de diabète et surtout du type2 : si vous êtes diabétiques aujourd’hui, c’est que vous meniez sans doute une vie déséquilibrée. Votre corps a fait appel à vous en déclenchant cette maladie, pour vous dire que vous l’avez négligé et qu’il serait temps d’en prendre soin.
Sachez que le diabète, même s’il est nocif, peut rendre notre vie meilleure si on s’applique et qu’on adopte une bonne hygiène de vie.
Ma devise : « Diabète maitrisé…Jamais mon corps ne sera épuisé ! »
Merci infiniment pour ce partage plein d’enseignements qui, j’en suis certaine, seront très appréciés ! Ton parcours est admirable et je suis vraiment honorée d’être ton amie de coeur !!
Comme tu l’as si bien dit, il est important d’apprendre à écouter et entendre les messages du corps. C’est valable pour chacun de nous mais encore davantage lorsqu’on vit avec le diabète.
La sophrologie permet d’affiner considérablement cette écoute et d’entrer en intime relation avec nos signaux corporels. Elle permet aussi de réguler stress et émotions qui peuvent perturber la glycémie, de reprendre confiance en soi, de choyer également l’estime de soi qui peuvent nous faire défaut lorsque l’on vit avec une maladie chronique.
Je serais vraiment honorée qu’un jour nous puissions allier nos connaissances pour apporter soutien et apaisement aux personnes diabétiques dans le cadre d’un programme !
En attendant, je mets à leur disposition mes services et mon écoute, dans le cadre d’accompagnement personnalisé et spécifique aux personnes diabétiques.
